• Demain, dès l'aube... 

    Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
    J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

    Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

    Victor Hugo


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  • Monsieur interroge Monsieur 


    - Monsieur quels sont ces gens 
    que je vois rassemblés 
    et qui semblent attendre 
    avant d' avancer ? 

    -Monsieur ce sont des arbres 
    dans une plaine immense 
    Ils ne peuvent pas bouger 
    car ils sont attachés 

    Monsieur Monsieur Monsieur 
    Au-dessus de nos têtes 
    Quels sont ces yeux nombreux 
    qui dans la nuit regardent ? 

    -Monsieur ce sont des astres 
    Ils tournent sur eux-même 
    et ne regardent rien 

    -Monsieur quels sont ces cris, 
    quelque part on dirait 
    on dirait que l'on rit 
    on dirait que l'on pleure 
    on dirait que l'on souffre ? 

    -Monsieur ce sont les dents 
    les dents de l'océan 
    qui mordent les rochers 
    sans avoir soif ni faim 
    et sans férocité 


    Tardieu Jean 


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  • Les élèves apprennent seulement les strophes 1, 2, 3, 5 et 6, mais il n'est pas interdit de connaitre le reste!

    Terre-Lune

     

    Quand j’en aurai assez d’entendre
    Les enfants pleurer dans le noir
    Quand j’en aurai assez de voir
    Les villes crouler sous les cendres
    Quand j’en aurai assez du monde
    A moi la lune blonde

    Terre-lune, terre-lune
    Ce soir j’ai mis mes ailes d’or
    Dans le ciel comme un météore
    Je pars
    Terre-lune, terre-lune
    J’ai quitté ma vieille atmosphère
    J’ai laissé les morts et les guerres
    Au revoir

    Dans le ciel piqué de planètes
    Tout seul sur une lune vide
    Je rirai du monde stupide
    Et des hommes qui font les bêtes
    Terre-lune, terre-lune
    Adieu ma ville adieu mon cœur
    Globe tout perclus de douleurs
    Bonsoir !

    Vive la nuit, j’ai levé l’ancre
    A moi les pluies d’astéroïdes
    Et les comètes à l’œil livide
    Diamants éparpillés dans l’encre
    A moi les étoiles de miel
    Fleurs de topaze et de rubis
    A moi le silence éternel
    De l’espace infini

    Terre-lune, terre-lune
    Voyez se lever le croissant
    Lune terrestre au firmament
    Bonjour
    Terre-lune, terre-lune
    Voilà l’Afrique et l’Amérique
    Et la raie sombre des tropiques
    Autour

    Un jour viendra dans ma retraite
    Où je verrai, le nez levé
    Exploser ma triste planète
    Qui se prétend civilisée

    Terre-lune, terre-lune
    Monde pourri, monde trop vieux
    Pierrot là-haut te dit ce soir
    Adieu !...

     

     

    Boris Vian

     


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  • Les roses de Saadi

    J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
    Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
    Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.

    Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
    Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
    Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

    La vague en a paru rouge et comme enflammée.
    Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
    Respires-en sur moi l'odorant souvenir.

     

    Marceline DESBORDES-VALMORE

     


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  • Sensation

    Sensation

     

    Par les soirs bleus d'été, j'irai par les sentiers,
    Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
    Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
    Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

    Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
    Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
    Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
    Par la nature, heureux comme avec une femme.

    Arthur Rimbaud

     

    Sensation - Arthur Rimbaud

     


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